Queen Mary 2, la Transat en majesté

Par Jean-Pierre Chanial


JOUR 4 – Dehors, dedans

Queen Mary 2 croise au large de Terre-Neuve (Canada) et touche le point le plus septentrional de sa traversée. « Les icebergs se trouvent à une centaine de kilomètres, nos radars fonctionnent en surveillance maximale », annonce le capitaine. Frisson général. On comprend mieux l’histoire du Titanic en constatant l’épaisseur du brouillard qui couvre la région. Chaque minute, la corne de brume est activée, une obligation avec cette météo. Le paquebot avance, quasi silencieux, cap imperturbable, au pays des ombres et des incertitudes. Aucune forme, pas la moindre perspective pour se repérer, Queen Mary 2 erre de nulle part en ailleurs. Mer calme, visibilité 20 mètres, vent nul, vitesse 19 nœuds, température 8°C.

Pour mémoire, le 14 avril 1912, sitôt informé de la catastrophe du Titanic, un navire Cunard, le Carpathia, s’était porté à son secours, récupérant quelque 705 naufragés. Ce sauvetage, salué par la Couronne britannique, vaut à chaque employé de la compagnie l’honneur de piquer une étoile rouge sur fond noir au revers de sa veste.

Le contraste avec la vie du bord est total. Au gris uniforme de l’extérieur répond la farandole des lumières intérieures. Il est vrai que le tableau des activités proposées ne mégotte pas. Plus de 70 options figurent chaque jour au programme ! Florilège : cours de zumba, de danse en ligne ou de salon, question d’âge et de prochaine séduction, lecture publique d’un roman, demain, les chapitres suivants, concert intimiste, violon et piano, initiation à l’aquarelle, cinéma en salle, tournoi de tennis de table, cadeau au vainqueur, réunion de loge maçonnique (accès réservé aux frères), méditation de groupe, match de NBA ou de Premier League sur écran géant, conférence « Comment paraître dix ans de moins ? », on y va !, leçon ou tournoi de bridge, pareil pour les échecs, moment LGBTQ au bar Commodore à 17 heures, tous genres bienvenus, séance photo pour l’album de souvenirs, réunion d’anciens combattants, qu’importe leur guerre, quizz, jeux vidéo…

Il est même possible de ne rien faire, oui, oui, buller entre deux rêveries, ou de se pointer à la bibliothèque du pont 8, choisir un livre (titres français disponibles), signer la feuille de retrait, le rendre quand on l’a terminé. Et tout cela est gratuit, gra-tuit. Elle est pas belle, la vie ?

à suivre…