Queen Mary 2, la Transat en majesté

Par Jean-Pierre Chanial


JOUR 3 – Grand Large sur le Pont 7

Magique pont 7. Il est le seul à permettre un tour complet du bâtiment en extérieur, 550 mètres sans le moindre obstacle. Le défilé des accros est constant, entre envie de grand air et souci d’exercice entre deux tablées gourmandes. L’éventail va de la dame à la canne qui, deux fois chaque jour, rythme ses petits pas sur sa fascination pour le large. Elle rayonne. A l’autre bout du prisme, voici les compétiteurs, sneakers de marathonien, legging pour champion, tee-shirt technique, lunettes et casquette profilées, un Smic d’équipement, ça rigole pas. Certains profils font quand même hésiter entre look de frime et conviction athlétique. Entre les deux, les autres. Couples menottes serrées filant d’un pas vif, promeneurs en méditation, fine gazelle survolant le plancher ou jeune buffle broyant le sol à chaque foulée, chacun son style. Plaisir supplémentaire, ni embouteillage, ni carambolage sur l’anneau. Un tour, recommencer, 1,1 kilomètres, continuer, 1 650 mètres, 2,2 kilomètres…

Ce pont 7 affiche une autre vertu. Sur ses deux longues lignes droites sont installés des transats avec matelas bleus frappés du lion et de la couronne, royal quoi ! Résultat, pendant que certains forcent du souffle et du mollet, d’autres, aussi nombreux, la jouent paresse romantique, enveloppés dans une couverture douillette, façon cachemire. Ils scrutent l’horizon pour faire le point, arranger les affaires à leur manière ou imaginer de prochains bonheurs. Ils plongent dans un bouquin et commandent un thé, espèrent les dauphins avant de piquer du nez. L’Atlantique leur offre son tableau d’exception, le cercle parfait d’un monde bousculé par les vagues impatientes, partage équitable entre gris du ciel et gris de l’océan caressés par la chanson du vent.

Queen Mary 2 trace sa route. Sa Majesté frappe la porte d’un certain bonheur.

à suivre…