A LA RENCONTRE DES OURS BRUNS EN SLOVENIE
Le roi de la forêt
Quoi de plus fascinant que d’aller observer les animaux dans leur milieu naturel, sans les déranger ? Je suis une passionnée d’ours, ces adorables (et redoutables) plantigrades. Depuis mon plus jeune âge et mes premiers nounours, je leur voue quasiment un culte ; tout en étant bien consciente qu’un ours n’est pas un nounours (et c’est bien dommage…).
Récemment, j’ai donc eu l’occasion de réaliser un rêve : celui d’aller me perdre en forêt et de partir à la rencontre des ours en Slovénie.
La Slovénie, petit pays de l’ex-Yougoslavie, s’étend sur une superficie à peu près égale à celle de la Picardie, pour une population quasiment équivalente à celle de Paris. Autant dire qu’il y a de l’espace… Et quels espaces ! Immensités boisées, montagnes aux sommets acérés, villages isolés et villes de caractère… Je suis tombée amoureuse de ce pays, à la population locale si accueillante et chaleureuse.
Durant mon périple, j’ai donc eu l’occasion de passer plusieurs jours dans les bois dans la région de Loz. L’observation du « roi de la forêt » se fait avec des guides expérimentés, qui nous emmènent dans des affûts, positionnés loin des sentiers empruntés par les hommes, mais stratégiquement situés sur les chemins et les zones fréquentés par les ours. Les affûts sont isolés de façon à ce que les ours ne sentent pas notre présence. Ces petites cabanes en bois peuvent être installées en hauteur, accessibles par une échelle, quand d’autres sont au niveau du sol, à quelques mètres seulement des ours (quand ceux-ci veulent bien se montrer, parce qu’au final, ils font ce qu’ils veulent, c’est LEUR forêt).
Dans les affûts, le confort est sommaire : deux chaises, une tablette pour poser les appareils photos, avec des équipements pour fixer supports et téléobjectifs, et ainsi pouvoir immortaliser ces rencontres exceptionnelles. En face de nous, de petites vitres pour observer la forêt, et des manchons de tissu noir pour y glisser les appareils. Cela évite d’avoir des reflets lors des prises de vue, mais permet également de prévenir tout cognement contre la vitre, ce qui pourrait alerter les ours et les faire fuir.
L’attente dans les affûts peut être longue… très longue… et toujours dans le silence le plus total. Ces charmants plantigrades, aussi impressionnants soient ils, peuvent être effrayés par un bruit inhabituel, une odeur, une lumière… D’ailleurs, il faut tout de suite oublier l’autofocus de son appareil photo, la petite lumière orange pouvant être perçue de l’extérieur. Il faut savoir qu’une fois qu’un ours est effrayé, il ne revient pas avant longtemps… s’il revient… Le spot d’observation peut donc être facilement « gâché » (et la tranquillité de l’ours perturbée) par une petite inattention… De même, le mode rafale est à éviter, car trop bruyant.
C’est donc une activité de patience et de maîtrise de soi. Il faut être en mesure de rester assis, sans bouger et sans parler pendant de longues heures (5 à 6 heures consécutives selon les emplacements), le tout sans possibilité de sortir ou de partir avant le reste du groupe, pour des raisons évidentes de sécurité.
Mais quand un ours apparaît enfin, on oublie tout et on admire, fasciné, la magnifique créature qui se dandine sous nos yeux, soulevant pierres et bûches pour se délecter de fourmis ou autres insectes. L’ours a une allure nonchalante, débonnaire, et on aurait presque tendance à oublier que c’est un animal redoutable. Sa dangerosité se rappelle à notre bon souvenir quand un bruit le met aux aguets. Son attitude change du tout au tout, on se rend compte alors de la force et de la puissance qu’il dégage ; ou quand le nounours se transforme en ours.
On se sent tout petit et vulnérable, mais le spectacle est absolument exceptionnel, je suis totalement émerveillée.
Je n’ai pas eu l’occasion d’observer de « gros » ours, de mères avec leurs oursons si mignons, d’ours se grattant le dos contre un arbre, comme peut le faire Baloo dans Le Livre de la Jungle… Mais je suis tout de même comblée. Je n’ai plus qu’une idée en tête, retourner en Slovénie pour un séjour exclusivement dédié à l’observation des ours. J’ai envie d’en voir encore plus… Mais pour ça, je dois me perfectionner en photographie… j’ai du pain sur la planche !
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