RECIT DE TRANSAT (1/6)
Queen Mary 2, la Transat en majesté
Par Jean-Pierre Chanial
JOUR 1 – Embarquement immédiat
Bon nombre des 2 691 passagers frissonnent. Sur les ponts extérieurs ou bien depuis la terrasse de leur cabine, nez plein vent, ils applaudissent le spectacle. Surtout, ils franchissent les portes du mythe transatlantique. Rien à voir avec une croisière ! Ce voyage hors-norme offre à chacun sa part de rêve, le fait entrer dans la légende.
Comprenons. Pour les Britanniques et les Américains, embarquer sur cette ligne entre Angleterre et New York, relève de l’hommage rendu à sa lignée. Chaque famille des deux rives de l’Atlantique revendique forcément un aïeul parti conquérir le Nouveau Monde entre le XVIIIème siècle et le début du XXème. Emotion assumée à l’idée de faire le même périple. Quant aux Français, ils savourent les fastes d’un temps où France croisait façon champagne et service 5-étoiles, avant de débarquer ses stars sur les quais de Manhattan.
Pour l’heure, Queen Mary 2 file en conquérant, 5 864 kilomètres à parcourir dans les six prochains jours. La puissante étrave impose son cap aux éléments, direction Nord-Ouest vers l’Islande puis Sud au large de Terre-Neuve (Canada) avant de viser New York.
A bord, dès le premier soir, une bulle de vie au milieu du grand océan prend ses aises. Les Cunarders comme s’appellent les habitués (Patricia et David, Newyorkais, un petit siècle et demi à deux, vingt-huit traversées au compteur) jubilent avec vingt restaurants et bars, trente-sept ascenseurs, des kilomètres de coursives (250 000 m² de moquette), un théâtre de 1 000 places, cinq piscines, un cinéma, un Spa, un casino, un night-club, une galerie d’art, mille recoins et autant de cachettes.
Le bonheur d’en être, comme on dit, fait que tout le monde partage le même frisson, la fierté de savourer l’exception. Couple d’Irlandais en vacances américaines, mamie rentrant à Boston après un pèlerinage dans le village de ses ancêtres, famille en expatriation, jeunes mariés lyonnais tout étonnés que pareil voyage leur ait été offert… Dans le huis-clos du paquebot, les regards, les sourires, les prévenances, témoignent de la communion entre passagers. Elle ressemble à la complicité des initiés.
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